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Le blog de carambolingue.over-blog.com

la rencontre des langues, avec ses télescopages, ses convergences, ses accidents, ses trouvailles... pour renvoyer le reflet d'un miroir sonore réflexif... ou simplement créer, jongler, rêver en sons humains !

Jonglage littéraire du 22 mars : di… co… mo… ux

Publié le 18 Août 2022 par carambolingue in carambolingue

Something heard in a vehicle on a tough way ?

Il y a des secousses, certes, mais avant :

https://youtu.be/hMznfYOYyE8

Fragments d’un discours amoureux est un essai publié en 1977 par Roland Barthes.

Pris au pied de la lettre, di(s)co(urs) (a)mo(ure)ux pourrait représenter des fragments de « discours amoureux »… Pour autant, le texte de Barthes est très construit. On y trouve, par exemple, une discussion sur le mot grec σχημα, qu’on pourrait être tenté de traduire directement par schéma en français alors qu’il n’aurait pas le même sens que ce mot dont il dérive pourtant directement par l’évolution des lettres entre alphabet grec et alphabet latin…

Barthes affirme que σχημα, ce n’est pas le schéma, c’est d’une façon bien plus vivante le geste d’un corps saisi en action et non pas au repos : le corps des athlètes, des orateurs, des statues…

Or, ce que nous appelons aujourd’hui le registre amoureux ne recherche-t-il pas l’appréhension par les sens du corps de l’autre en action pour en faire un corps aimé ? Voici, en tout cas, des éléments forts du vocabulaire amoureux de la langue wolof collectés par Ismaël Moya, anthropologue au Sénégal :

.léewtoo une sorte de long préliminaire… L’immobilité apparente qui fait d’autant mieux apprécier l’action qui va suivre, comme cela se passe dans la lutte sénégalaise (làmb en wolof, ñooboroo en mandinka)…

. cuuraay, l’encens dont on imprègne ses vêtements et dont le parfum ne va chatouiller les narines de l’autre que si le corps se met en mouvement…

. sauce u kani, la sauce au piment… travail de la cuisine, donc du corps !

. fer, les perles de hanche, dont le cliquètement n’excite l’oreille de l’autre que si elles bougent en même temps que les hanches bougent… C’est le même principe pour bine bine, les petites perles, portées peut-être à d’autres endroits du corps mais dont l’effet n’est produit qu’à condition d’un mouvement…

. beeco, le petit pagne… On en entend parler toujours de façon mystérieuse… Qui l’a vraiment vu pourra vraiment dire s’il n’a pas encore comme effet d’exciter l’œil par ce petit bout de tissu qui bouge et tantôt cache tantôt révèle des parties du corps selon ses mouvement ? On est censé rester sans mot, la gorge sèche, une fois que les yeux, les oreilles, le palais et le nez ont été à ce point sollicités. Et quand on reste sans mot, le discours amoureux ne connaît-il un grand blanc, plus aboli encore qu’en fragments d’un bibelot sonore ?

Philippe Sahuc Saüc

pour toute réaction, tout contact : helipsahuc@wanadoo.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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