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Le blog de carambolingue.over-blog.com

la rencontre des langues, avec ses télescopages, ses convergences, ses accidents, ses trouvailles... pour renvoyer le reflet d'un miroir sonore réflexif... ou simplement créer, jongler, rêver en sons humains !

Que s’apelava Garame…

Publié le 10 Septembre 2020 par carambolingue

Be careful, England had been connected to Gascogne !

C’est vrai qu’une partie de la Gascogne a été anglaise pendant près de trois siècles, du milieu du douzième au milieu du quinzième…

En est-il resté quelque chose dans les langues ?

Dans le gascon côtoyant le basque du côté de Bayonne, on dirait ainsi mora, « mouro » pour parler de la lande, mot plus proche de l’anglais moor que des autres langues connues…

Et en anglais, plus difficile de trouver…

En tout cas, vers le début d’un conte gascon, après un rituel u còp i aviá… on peut trouver… u òme que s’apelava Garame…

Il y avait donc un homme qui s’appelait Garamé.

A-t-on déjà entendu nom chrétien ressemblant à ça ?

Avant de mettre l’accent pour que la prononciation à la française soit conforme à la gasconne, on aurait pu s’attendre à entendre prononcer « Garam » et donc presque garaam,le gramme en wolof…

Un homme qui pèserait si peu lourd qu’on l’aurait surnommé Gramme ?

A voir, parce que beaucoup de matières, là où on parle wolof, un gramme c’est déjà quelque chose !

En tout cas, il semblerait que le Garame gascon soit une transformation de Larame, qu’on trouve paraît-il dans d’autres contes occitans et qu’il viendrait directement du terme français l’armée. Cet homme est donc soldat, c’est sa qualité essentielle mais au lieu de l’appeler « Soldat » ou « le soldat » (comme dans L’histoire du soldat de Ramuz), on l’appelle « l’armée »…

C’est d’autant plus surprenant que dans certaines langues on sait comment dire « la guerre » ou « le guerrier » mais on n’a pas de terme propre pour dire l’armée… même en cherchant...

https://youtu.be/Djl-scwf4VY

Ce serait la même chose avec une autre langue africaine, le mandinkan… Kele y signifie se battre, aussi bien dans un contexte de guerre collective que de bagarre entre deux personnes. Keloo est d’ailleurs aussi bien la bagarre que la guerre. Et le guerrier, lui, se dit en redoublant non pas le pas mais le son, kelekela… Alors rien à voir entre le monde de l’armée et celui des guerriers d’Afrique ? Il est vrai que le lexique de Creissels dédié à la langue mandinkan, donne à keloo non seulement le sens de bagarre et de guerre mais aussi d’armée…Quand même, la suite du conte gascon c’est : Garame qu’ere partit soldat en Africa… Ce Garamé, dont on sait maintenant que le nom vient de l’armée… était parti soldat, donc avec une armée, en Afrique !

Philippe Sahuc Saüc

pour toute réaction, tout contact : helipsahuc@wanadoo.fr

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