Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de carambolingue.over-blog.com

la rencontre des langues, avec ses télescopages, ses convergences, ses accidents, ses trouvailles... pour renvoyer le reflet d'un miroir sonore réflexif... ou simplement créer, jongler, rêver en sons humains !

A'mort a k'umal

Publié le 10 Janvier 2016 par carambolingue

Should have been « could it be... »

and, by a certain slip of the finger, became :

Copuld it be... love ?

Tant il est difficile de parler d'amour en toute rigueur !

L'interrogation posée à brûle-pourpoint demande un certain temps de réponse...

https://youtu.be/Xv3J26_S4jo

Mais il est intéressant de voir que dans une langue aussi différente du français qu'est le pulaar, un même verbe peut parler d'amour transitivement et intransitivement, peut être utilisé pour parler aussi bien d'aimer un mets que d'aimer une mie...

As, in English, they have to like and to love...

D'autres langues font d'autres rapprochements que like et love, live et love :

ma que triste es la vida, ma que triste es amor...

Mais on n'est pas obligé d'être d'accord ni avec l'une, ni avec l'autre de ces affirmations !

Se raccrocher dans un premier temps à l'affirmation : on ne peut pas parler d'amour dans une langue morte ?

Le kama (celui du Kamasutra) serait l'amour dans une langue morte, en tout cas selon un certain Lee Siegel qui a écrit : Love in a Dead Language (1999).

De fait, le Kamasutra, aurait été écrit en sanskrit, langue qui ne serait plus pour personne la langue du quotidien. Kama, काम, y serait plutôt le désir que l'amour... Ah !

Si c'est le cas, kama serait la part exprimée par une personne, pas forcément la part entendue qui est peut-être bien l'amour, en entendant par là ce qui est partagé, selon l'expression « faire l'amour »...

Plutôt qu'à la distinction entre langue morte et langue vivante, c'est peut-être à la distinction entre langue entendue et langue parlée que cela nous amène.

A la différence des langues européennes notamment, certaines langues d'ailleurs, des langues maya d'Amérique centrale notamment, nous invitent à faire la différence. Ainsi, en tojolabal, on distingue 'ab'al et k'umal, langue entendue (écoutée ?) et langue parlée.

Dans son ouvrage Aprender a Escuchar (2008), Carlos Lenkersdorf l'écrit ainsi : El primero corresponde a la lengua o palabra escuchada y el segundo se refiere a la lengua o palabra hablada.

Mais revenons un peu vers quelques langues mortes... Comment s'y disait, s'y entendait aimer ?

En hébreu biblique : 'ahab... des extraits de la Genèse notamment montrent que dans cette vieille langue le même terme d'amour, 'ahab, pouvait aussi bien s'appliquer à un mets qu'à une personne. Un extrait particulier (Genèse 37:4) suggère que des frères voient l'amour particulier (toujours 'ahab) que leur père porte à l'un d'eux. Ainsi il y aurait la langue pour dire l'amour, la langue pour le faire entendre et peut-être la langue (extra-verbale) pour le faire voir et pas seulement à la personne concernée...

Evidemment, certains de nos troubles actuels viennent de ce qui s'est passé entre le grec et le latin. Ce sont là d'autres distinctions que le mets ou la personne ou encore l'entendre et le dire qui ont opéré... Cet ἐρως que nous essayons parfois aujourd'hui de défendre contre des néo-pudibonderies désignait chez les Grecs pré-chrétiens l'amour aussi bien d'une personne que d'un dieu ! Le christianisme lui a préféré αγαπώ qui évoquait les repas fraternels et a pu se dériver en latin en caritas, laissant aux dérivés du premier amour un caractère suspect, voire pathologique, telle ἐρωτομανία à l'origine « folle passion »...

Les africains de l'ouest disant prendre un bain de peau pour dire faire l'amour,

par un pur souci de synthèse, Carambolingue vous souhaite : quelques bons bains de folie !

Gulo kono kuu... cela ne fait-il pas autant de bien à dire qu'en entendre ? (« goulokonokou »)

Philippe Sahuc Saüc

pour toute réaction, tout contact : helipsahuc@wanadoo.fr

Commenter cet article