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Le blog de carambolingue.over-blog.com

la rencontre des langues, avec ses télescopages, ses convergences, ses accidents, ses trouvailles... pour renvoyer le reflet d'un miroir sonore réflexif... ou simplement créer, jongler, rêver en sons humains !

Cab ô kabo

Publié le 23 Janvier 2016 par carambolingue

Should I have really heard « Call me Achab » ?

C'est le détail d'une réplique du film Singin' in the Rain de Stanley Donen et Gene Kelly (1952).

Bien sûr, le contexte de la scène en question porterait plutôt à entendre « Call me a cab »...

Appelle-moi un taxi ! / Appelez-moi un taxi !...

Comme en français, le pronom personnel de la première personne prend la même forme selon qu'il désigne le complément d'objet ou celui d'attribution donc...

Donc, lorsqu'on vient de lire ou relire Moby Dick (Herman Melville, 1851) qui commence par « Call me Ishmael » et dont le héros est plutôt un certain Captain Achab que le narrateur Ishmael, pourquoi ne pas entendre « Call me Achab » (Appelle-moi Achab, au sens possible de : traite-moi d'Achab...) et penser à un trait de malice du personnage qui parle, suggérant qu'on lui fait poursuivre une quête au moins aussi dangereuse que celle d'un terrible cachalot blanc ?

Autre confusion féconde que le sens multiple d'un mot dans une langue a pu entretenir : pourquoi et comment un cave se rebifferait-il ? Il m'aura fallu attendre longtemps pour connaître la signification de ce mot d'argot (équivalent de naïf) contenu dans le titre du film de Gilles Grangier (1961)... J'étais sans doute intrigué d'entendre un mot dont le féminin m'était connu et se prêtait peu à imaginer de la voir se rebiffer, sauf à entrer dans un film d'horreur où les pièces d'une maison entrent en révolte contre leurs visiteurs... Mais peut-être que j'étais dans le fond imprégné du sens de l'adjectif « cave » que l'on pouvait trouver encore employé dans les écoles du début de la cinquième république : creusé, comme enfoncé, comme les yeux d'un vieillard, voire son corps...

J'aurais alors été prêt à l'échange suivant :

https://youtu.be/-jAIeGKRJIA

Les deux jumeaux adoptifs qu'on entend là parlent en langue mandinkan. C'est d'ailleurs surtout l'un d'eux qui parle, celui dont c'est la langue maternelle :

_ Niŋ kebayata i ka guma taa / Quand tu vieillis, il te faut prendre une canne...

(c'est en effet un verbe multi-usage qui est utilisé en mandinkan dans ce cas, on dit plutôt un équivalent du verbe français prendre qu'un équivalent de se servir de...)

_ Gumakuŋ / Le pommeau de la canne

(le terme de mandinkan kuŋ est ce qui désigne d'habitude la tête, gumakuŋ est donc en quelque sorte la tête de la canne... La langue mandinkan se réfère à la canne comme à un corps en soi qui aurait une tête, sa partie haute, alors que la langue française ferait dériver ce nom de la partie du corps humain qui est en contact avec cette partie de la canne, la paume de la main ?

_ Leefalniŋ / La dent de phacochère...

Mais nous étions partis de cab...

Sanjo fanan bota kabo... Eh oui, en mandinkan, kabo étant le nuage, c'est la pluie qui en part...

kab serait par ailleurs, en ancien hébreu, une mesure de volume équivalent à quatre pintes.

Volume et liquide pourraient nous conduire ainsi d'un cab à un cab'...

Mais en langue française, cela serait-il alors l'abréviation de cabinet ?

Attention, pas le cabinet en rapport avec les bas flux mais plutôt celui des ministères... Rendez-vous compte, le dir'cab m'a écrit cette semaine !

Il s'occupe de quoi ? d'agric' et de pasto', donc entre autres de viti'...

Donc de cab', si l'on veut ainsi abréger le cépage cabernet...

Le ? Les ! Puisqu'il existe aussi bien le cabernet franc que le cabernet sauvignon...

Allez, on est encore en janvier, on peut se souhaiter de bonnes choses... On se doit, n'est-ce pas, de faire des souhaits à rebours des évolutions climatiques et donc des souhaits de pluie fine et persistante mais on peut se la souhaiter bonne, non ?

Cab' kabo !

Philippe Sahuc Saüc

pour toute réaction, tout contact : helipsahuc@wanadoo.fr

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