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Le blog de carambolingue.over-blog.com

la rencontre des langues, avec ses télescopages, ses convergences, ses accidents, ses trouvailles... pour renvoyer le reflet d'un miroir sonore réflexif... ou simplement créer, jongler, rêver en sons humains !

Sounding food

Publié le 30 Avril 2018 par carambolingue

What could be more disgusting than a sounding eating… when one is not the eater ?

Peut-être mais, étant le mangeur, ne peut-on au contraire tirer plaisir, indépendamment du goût, du parfum et de la vue, de certains bruits que fait encore plus le mangé que le mangeur ?

Les jeunes gens suivants nous invitent à le penser, voire à l’éprouver :

https://youtu.be/YVtDSYaW0e0

Ainsi donc, la nourriture tente-t-elle parfois de nourrir la langue, au moins en suggérant des onomatopées de circonstance…

Or, il peut arriver que les onomatopées liées au manger prennent valeur de code linguistique, notamment lorsqu’elles expriment le plaisir pré-prandial…

https://youtu.be/xk5F-KRjSEs

On y entend d’abord un « nyam », expression tchèque du plaisir culinaire anticipé. Puis le même -ou presque...- « nyam » est repris, en tant que véritable verbe manger de la langue khmer.

Ailleurs, si on le complète un peu, il peut être ñambi, le manioc en wolof, nyamaku, le gingembre en bambara…

Puisque nous voilà dans les langues d’Afrique de l’ouest, remarquons au passage que l’onomatopée qui reprend l’émotion la plus fortement exprimée par la bouche n’est pas liée au plaisir gustatif, et pas davantage au déplaisir gustatif voire au dégoût mais plutôt à la désapprobation morale, voire au dégoût. Il s’agit du tchip…

A vrai dire, la langue française, via les Antilles peut-être, emploie cette onomatopée de tchiper pour désigner une pratique qui viendrait bien d’Afrique de l’ouest. En bambara, on la désigne par suru, sans effet d’assonance… reconnaissance de la valeur en soi de la pratique ?

Les Afro-Américains diraient to suck one’s teeth… C’est bien de cela qu’il s’agit ! Dans ce cas, on laisse de côté le son produit et on décrit le geste qui le produit… Ce faisant, on emploie un verbe, to suck, qui est souvent associé au plaisir culinaire que l’on pousse… Ne suce-t-on pas les os, les pattes de crabe ?

Lors, sucer ses dents produirait-il un plaisir particulier ? Il paraît même que l’on peut dire to kiss one’s teeth… On embrasserait ses dents ? Pour savourer tout particulièrement la dent qu’on peut avoir contre une autre personne ?

Pour autant, il semble que le tchipage en son stade de mépris suprême se marque non par les dents mais par la langue, en la montrant !

Langue, langue… nyam à qui s’en sert !… Tchip à qui les méprise !

Philippe Sahuc Saüc

pour toute réaction, tout contact : helipsahuc@wanadoo.fr

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