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Le blog de carambolingue.over-blog.com

la rencontre des langues, avec ses télescopages, ses convergences, ses accidents, ses trouvailles... pour renvoyer le reflet d'un miroir sonore réflexif... ou simplement créer, jongler, rêver en sons humains !

Duumakaŋ

Publié le 8 Octobre 2020 par carambolingue

Daw… ? Something starting like dawn ?

Pas faux, une expérience qui a commencé au petit jour, dans un train, où un trafiqueur de son était peut-être juste maquillé en voyageur, pour enregistrer :

https://youtu.be/OEFSSBefSGU

Or, que perçoit-on dans ce train se faufilant parmi les brumes matinales ? Certes, on était alors encore plutôt en vendémiaire qu’en brumaire mais au moins dans les esprits le petit matin est souvent brumeux…

Ainsi, ce qu’on perçoit le plus distinctement c’est la ritournelle « attention à la marche », précédée d’un petit jingle… qui mobilise l’attention et fait qu’on perçoit l’annonce, pas forcément plus forte que les propos…

où l’on perçoit des sons qui font penser à d’autres langues que le français ordinaire, des r roulés par exemple mais aussi d’autres langues que les langues européennes avec des nasales finales… le fameux ŋ !

Au final, comme dans une conversation en bambara ou en jula, un assaut réciproque de remerciements, inice… inice…

On n’en entend, bien sûr, qu’une moitié car il s’agit d’une conversation téléphonique…

Or, celle-ci a laissé chez l’enregistreur -en tout cas la personne déclenchant l’enregistrement, pas l’instrument permettant l’opération d’enregistrement- le souvenir d’une réitération de muso… muso… le mot qui en mandinkan désigne la femme…

Et pourtant, même à réécoute crispée, le mot ne revient pas… mystère !

Le mot a disparu… volé ?

A propos de vol, l’enregistreur -au même sens que précédemment- s’est demandé si ce qu’il faisait, enregistrer un paysage sonore dont l’un des éléments était une conversation privée, n’était pas une forme de vol...

Alors, il a joué avec les mots… En mandinkan si santokoloŋ est l’avion, littéralement le chariot d’en haut, le train est duumakoloŋ, le chariot d’en bas. Duumakaŋ, qui a donné le titre serait alors la langue d’en bas. Ce qui laisse imaginer qu’il pourrait y avoir une langue d’en haut, une langue des airs…

Mais revenons à l’idée de vol de train… c’est pourtant le chariot d’en haut qui vole… Et quand bien même, est-il fautif ? A-t-il volé, alors même qu’il a remercié chaleureusement les parleurs à la descente du train pour le plaisir d’avoir entendu leur langue ? Poussé par la crainte d’une noyade des langues qui pourraient n’être remarquées par personne dans les trains du petit matin… ? Vient justement en écho l’image des inondations actuelles en Afrique de l’ouest… Des noyades plus insidieuses menacent bien des langues… Duumakaŋ, dommage con, pour le dire à la toulousaine !

Philippe Sahuc Saüc

pour toute réaction, tout contact : helipsahuc@wanadoo.fr

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