red tongs or red tongues ? What’s the will ?
Pas d’ordre, pas de projet… des clowns, juste, se sont lâchés…
Au gré d’une semaine d’impros diverses, lesdits clowns ont bien sûr joué de leur nez, que l’on ne manque pas de distinguer sur les images… Mais ils·elles ont aussi joué de leurs langues et ont peut-être ainsi emmêlé leurs langues, au point de passer du français à d’autres langues en toute conscience ou bien sans le faire exprès mais… dévoilant peut-être ainsi certains aspects de la réalité… à la façon des clowns ! Il serait alors juste de dire que ce qu’on désigne habituellement comme cheveu sur la langue, par la déviation opérée, donne jour à ce qui mériterait d’être une véritable intention, un véritable « je veux »…
Première image… Comme sur toutes, on peut voir un dessin (fait à la façon dont un clown dessine ? C’est-à-dire en faisant du mieux qu’il·elle peut…) mais aussi les lettres d’un ou plusieurs mots… Dans cette première image : grenouille ! Facile a priori, tout paraît concorder, son, mot, dessin… D’accord, mais dans l’impro de clowns, il était d’abord question de graine… Et si « grenouille » s’entendait comme diminutif du mot graine… L’animal, ancien têtard, serait alors mis face à cette promesse minuscule d’un autre être ?
Deuxième image… Il est question de « flaune » (qu’en occitan du Rouergue, on écrirait flauna) et de (tarte au) libouli (une spécialité de ch’nord)… Les saveurs proprement culinaires se font écho sur l’image en une double tarte dorée (exagérément?) tandis que les sonorités jouent avec leurs différences propres mais aussi les différences des deux bouches-gorges qui les prononcent…
Troisième image : deux mots s’organisent autour d’une aigrette d’une couleur qu’on pourrait dire « rouge nez de clown ». Le premier est la linaigrette, cette plante qu’on trouve dans les tourbières, aux côtés de la sphaigne. La tourbière est un milieu particulièrement acide et voilà que dans une bouche de clown, cela peut faire transformer le mot en « vinaigrette »… Or, dans la langue russe, винегрет (prononcé « vinaigrette ») est la salade elle-même… Sans le savoir, un clown peut donc inventer une recette : la salade de linaigrette !
Quatrième image : en caractères kandji de l’écriture japonaise est écrit, sur la droite « hadjimé », le commandement de début de combat en art martial… A gauche, par les glissements de langues qui ne sont peut-être pas propres aux clowns mais sont fréquents chez elles·eux, « imbibé »… Substance du sumotori qui fait face, tout d’un coup, au karatéka ?
Enfin, « tu n’es qu’un stagiaire »… hommage déguisé puisqu’en anglais, stage est la scène. Par un collage de langues, « stagiaire » pourrait donc désigner l’homme ou femme de scène, cet espace qui, à la faveur de celles·ceux qui y évoluent, peut prendre toutes les intentions, couleurs, saveurs, langueurs…
Philippe Sahuc Saüc
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