Mr or Mrs N. ?
Et si on disait plutôt Nihon Gireko, on aurait l’idée d’un prénom et d’un nom peut-être… Mais avec un trait médian, Nihon-Gireko, arriverait l’idée d’union… Et c’est bien de cela qu’il s’agit de Japonais (Nihon)-Grec (Gireko?) :
une union, une alliance… voire un alliage !
La passion des Japonais, de certains japonais et japonaises sans doute, pour la Grèce ancienne les amène à forger des façons de prononcer des noms grecs anciens d’une façon… que nous, nous trouvons étrange.
Comme sans doute les Grecs anciens trouveraient étrange notre façon de transcrire l’alphabet et l’orthographe de leur langue.
Et encore, dans le cas des Japonais, la source offerte par Nicolas Journet dans un article publié par Sciences Humaines en juillet 2019 ne propose les noms grecs « japonisés » que dans leur transcription en caractères latins…
Justement, les images de la vidéo sont autant de tentatives de restituer à ces mots une allure de kanji… Autant dire que la quadruple tentative a été vouée à l’échec alors qu’a priori, cela paraissait possible… Les kanji sont faits de courbes et de bâtons, tout comme les lettres de l’alphabet latin, non ? Par un nouvel agencement de celles-ci et ceux-ci, on aurait dû pouvoir donner l’impression de créer des idéogrammes japonais crédibles mais ce n’est pas le cas, il leur manque une sorte de dimension organique. Contentons-nous donc des sons…
. « Hérodotosu » : voilà un nom, celui d’Hérodote qui est juste prolongé… en réalité prolongé d’une simple voyelle puisqu’il est en grec Ἡρόδοτος... Paradoxe s’il finit en japonais en “su” car súu désigne en mandinkan le chez soi alors que l’homme fut connu comme grand voyageur...
. « Tukididesu » : n’entend-on pas « Tout qu’y dit dessous » dans cette japonisation de Thucydide? Et ce serait normal puisqu’il est connu comme chercheur des causes profondes...
. « Sopukuresu » : il est là déjà plus difficile de reconnaître Sophocle... Le son “f” n’est pas familier des Japonais. Pour eux, fuite aurait à voir avec huit ? Justement, dans le cas du grand dramaturge, il y a eu une sacré fuite puisque de sa centaine de tragédies écrites il ne nous en est parvenu que... huit !
. « Peidiasu » : Phidias le sculpteur, Φειδίας en grec... Autrement dit, le japonais a gardé la diphtongue que le français a supprimée. Dommage, le sculpteur étant avant tout homme de matière, il doit regretter là la simplification de la matière sonore de son nom... déçu desu ?
Philippe Sahuc Saüc
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